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Déclaration : Hommage - Le décès de l'Honorable Louis J. Robichaud

Honorables sénateurs, c'est avec tristesse, honneur et privilège que je rends un hommage posthume à Louis Robichaud. Lorsque Ti-Louis fut élu premier ministre du Nouveau-Brunswick, j'avais cinq ans et j'étais en première année avec les bonnes religieuses, lisant Bébé Marie Jean et obligatoirement, Run Baby, Run.

Crampés dans un édifice qu'on appelait la « p'tite école » avec 45 autres étudiants, dans une salle à peine chauffée en hiver, les bonnes sœurs nous laissaient porter des pantalons sous nos jupes ainsi que plusieurs chandails pour nous garder au chaud.

Pendant ce temps, Ti-Louis s'affairait à Fredericton à jeter les jalons de notre révolution tranquille. Tranquille n'est peut-être pas le mot adéquat pour définir la vigueur avec laquelle Ti-Louis devait défendre sa vision. Mon père m'a même raconté que lors d'une rencontre avec les travailleurs forestiers, dans un hôtel de St- Quentin, Nouveau-Brunswick, Ti-Louis s'était engagé dans une bataille aux poings qu'il gagna évidemment pour montrer sa détermination.

Mon père, qui était de la même taille que Ti-Louis, était pas mal fier de ce débat physique qui montrait non seulement que Ti-Louis pouvait défendre et gagner des débats verbaux mais qu'il pouvait aussi affronter ses adversaires aux poings.

Quelques années plus tard, sans que j'en connaisse la cause, bien entendu, on a construit une nouvelle école dans mon village et une foule de nouveaux enseignants furent embauchés. Nous avions des cours de physique, de bio, de chimie et, mes amis, ils étaient donnés en français. Nos familles plus démunies avaient de l'assistance.

C'était fini d'être aux bonnes grâces des voisins aussi pauvres les uns que les autres.

C'était fini d'être traité en petit colon parce qu'on était francophone.

C'était fini d'être taxé de façon discriminatoire.

Enfin, c'était fini pour les francophones du Nouveau-Brunswick de croire qu'ils étaient des citoyens de deuxième classe, sans éducation, sans contrôle et sans avenir. Lorsqu'on mentionne son programme d'égalité des chances, pour certains, ce sont des mots vides de contenu. Mais pour les Néo-Brunswickois, ce sont des mots qui définissent une philosophie libérale qui identifie qui on est, d'où l'on vient et surtout où l'on va.

La vision, la force de caractère et la détermination de l'honorable Louis Robichaud font défaut aujourd'hui dans nos arènes politiques. Trop de débats sont démunis de vision et de justice, trop de politiciens gouvernent par des sondages.