OTTAWA – La semaine dernière, à la reprise du débat sur le projet de
loi C-288, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu (crédit d'impôt
pour les nouveaux diplômés travaillant dans les régions désignées), la
sénateure Pierrette Ringuette a pris la parole en faveur de ce projet
de loi.
Le projet de loi C-288 vise à accorder à tout nouveau diplômé qui
s’installe dans une région désignée un crédit d’impôt égal au moindre des
montants suivants : 40 % du traitement ou salaire, 3 000 $,
ou l'excédent de 8 000 $ des montants payés pour une année
d'imposition antérieure. Ce projet de loi encouragera le développement
économique des régions touchées par l’exode des jeunes, par exemple les petites
municipalités rurales ou les collectivités des Premières nations, en incitant
les jeunes travailleurs qualifiés à s’installer dans ces régions et à
contribuer à l’économie locale.
« En
tant que Néo-Brunswickoise, je peux confirmer que, au sein des petites
collectivités et des petites villes, on assiste à un exode des jeunes, qui
s'installent dans de plus grands centres. Que ce soit dans les secteurs
forestier, agricole, minier et agroalimentaire, on prive nos communautés de ces
talents en n'y accordant pas une attention spéciale », a déclaré la
sénateure Ringuette. « Depuis des dizaines d'années, on met l'accent
soit sur des crédits d'impôt, soit sur des prêts remboursables ou d'autres
formes d'incitatifs dans le but d'amener des entreprises et des industries dans
les régions éloignées sans, pour ce faire, songer aux ressources humaines dont
ces entreprises ont besoin pour contribuer à l'économie de ces
communautés. »
La sénateure Ringuette invite tous les sénateurs à appuyer ce projet de
loi, estimant que « grâce à l’adoption de ce projet de loi, toutes les
régions du Canada bénéficieront, tant au niveau social qu’au niveau économique,
de l’apport des jeunes diplômés issus de notre merveilleux système d’éducation
postsecondaire. »
Vous trouverez ci-joint la transcription complète de l’intervention
faite au Sénat par la sénateure Ringuette.
Transcription :
Projet de loi modificatif—Deuxième
lecture—Suite du débat
L'ordre du jour appelle :
Reprise du débat sur la motion de l'honorable sénateur Rivest, appuyée
par l'honorable sénateur Lang, tendant à la deuxième lecture du projet de
loi C-288, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu (crédit d'impôt pour
les nouveaux diplômés travaillant dans les régions désignées).
L'honorable Pierrette Ringuette : Honorables sénateurs, j'aimerais prendre la parole
pour appuyer le projet de loi C-288, présenté par le sénateur Rivest.
L'honorable Gerald J. Comeau (leader adjoint du gouvernement) : Honorables sénateurs, la deuxième personne qui
prend la parole sur un projet de loi dispose habituellement de 45 minutes.
S'il y avait entente pour que ce côté-ci réserve les 45 minutes pour le projet
de loi, nous n'aurions pas d'objection à ce que madame le sénateur Ringuette
prenne la parole à ce moment-ci.
Le sénateur Ringuette : Honorables sénateurs, il y a des éléments importants qui sont proposés
dans le projet de loi C-288, qui a franchi l'étape de la troisième lecture à la
Chambre des communes.
Essentiellement, le projet de loi touche les
jeunes diplômés et vise à leur offrir des crédits d'impôt jusqu'à concurrence
de 8 000 $ sur une période de trois ans. Les crédits d'impôt pourraient aussi
s'élever à 3 000 $ par année jusqu'à un maximum de 8 000 $ sur trois ans.
En tant que Néo-Brunswickoise, je peux
confirmer que, au sein des petites collectivités et des petites villes, on
assiste à un exode des jeunes, qui s'installent dans de plus grands centres.
Que ce soit dans les secteurs forestier, agricole, minier et agroalimentaire,
on prive nos communautés de ces talents en n'y accordant pas une attention
spéciale.
Je crois effectivement que le projet de loi C-288, présenté par le
sénateur Rivest, veut qu'on porte une attention particulière aux communautés
éloignées en accordant des crédits d'impôt à de jeunes diplômés qui iront s'y
installer pour démarrer une carrière et contribuer, tant au niveau social
qu'économique, à l'avenir de ces collectivités.
Depuis des dizaines d'années, on met l'accent soit sur des crédits
d'impôt, soit sur des prêts remboursables ou d'autres formes d'incitatifs dans
le but d'amener des entreprises et des industries dans les régions éloignées
sans, pour ce faire, songer aux ressources humaines dont ces entreprises ont
besoin pour contribuer à l'économie de ces communautés.
Le Québec, entre autres, a fait l'expérience d'un tel crédit d'impôt
pour encourager les jeunes diplômés à s'établir dans des régions éloignées
préalablement désignées par le ministre des Finances. L'objectif du projet de
loi C-288 est similaire. Il demande au ministre des Finances de désigner les
régions qui seront précisément touchées par ces incitatifs.
Lorsque je parle de collectivités, je ne parle pas seulement des
collectivités rurales et des petites villes. Je parle également des
collectivités autochtones, qui pourraient elles aussi bénéficier du retour de
leurs jeunes remplis d'énergie et de talent, au profit de leurs communautés.
On n'a qu'à songer au domaine médical, où il est question depuis des
années de files d'attente dans les urgences et de pénurie de personnel
qualifié. Ce serait là une autre façon d'aider non pas uniquement nos jeunes
diplômés, mais aussi nos communautés.
Après vérification, j'ai constaté que la Saskatchewan disposait d'un
programme similaire de crédits d'impôt, qui offre jusqu'à 20 000 $ de crédits
d'impôt pour les jeunes diplômés sur une période de sept ans. Sans compter que,
pour nos jeunes, compléter un diplôme universitaire, dans quelque domaine que
ce soit, est de plus en plus coûteux. La plupart quittent le milieu
universitaire avec une dette d'étude exorbitante. Ils doivent s'installer dans
une collectivité pour démarrer une carrière, tout en satisfaisant aux besoins
nécessaires d'un logement et d'un véhicule pour se déplacer.
Je crois donc qu'il est temps de faire en sorte que nos jeunes diplômés
aient des possibilités dans nos régions pour aider nos entreprises, et aider
nos communautés dans les domaines social et économique.
Il est important de rappeler que, depuis des dizaines d'années, on aide
nos industries sans songer qu'elles auront aussi besoin de ressources humaines
adéquates, et même brillantes, pour assurer leur avenir dans les régions éloignées.
C'est sans aucune restriction, honorables sénateurs, que j'appuie le
projet de loi C-288, proposé par le sénateur Rivest.
L'honorable Andrée Champagne : Je me demande, honorables sénateurs, si notre collègue, le sénateur
Ringuette, a vu un film québécois intitulé La
Grande Séduction. Elle verrait comment, sans demander l'aide du
gouvernement, sans demander des crédits d'impôt, une petite communauté de la
Basse-Côte-Nord a fait pour retenir un médecin. Je crois qu'elle y trouverait
des idées, car on ne veut pas toujours aller dans la poche du gouvernement,
c'est- à-dire dans nos poches.
Le sénateur Ringuette : Je vous remercie, sénateur Champagne, de votre question.
Malheureusement, je n'ai pas vu le film en question, mais j'en ai beaucoup
entendu parler. Pour votre information et celle de mes collègues, j'ai vécu
pendant huit ans à Sept-Îles, donc je connais toutes les petites communautés de
la Basse-Côte-Nord, des communautés superbes et uniques. Voila certainement un
élément.
Je reviens sur l'idée que je voulais transmettre. Prenez le projet de
loi C-9, qui contient des crédits d'impôt pour les sociétés. Ces sociétés ne
peuvent pas survivre dans nos petits centres si elles n'ont pas de ressources
humaines. C'est là la question. Ces jeunes diplômés pourraient avoir droit à un
crédit d'impôt pour aller travailler dans ces centres. Je crois que,
ultimement, ce qu'on fait, c'est accroître l'exode de nos jeunes vers les
grands centres.
Je crois qu'il est temps, quand on parle de crédits d'impôt, d'aller au-delà
des crédits d'impôt pour les sociétés, les banques, les grandes entreprises,
les grands des grands, et cetera. Car, au centre de tout cela, si ces grandes
entreprises n'ont pas les ressources humaines nécessaires pour effectuer le
travail, fournir les services, fabriquer le produit, elles n'ont rien. Il faut
songer à cela.
Une expérience a déjà été menée au Québec et en Saskatchewan en ce qui a
trait aux crédits d'impôts. Cela me rappelle un peu quand, dans l'Ouest
canadien, on a débattu du projet de loi sur l'assurance- maladie. Tout cela a
commencé au provincial et ce fut un succès. Je pense qu'on peut en déduire,
malgré une courte période de mise en œuvre des crédits d'impôt au Québec et en
Saskatchewan, que ce devrait être un succès également à l'échelle nationale.
C'est sans compter que, dans le projet de loi, les régions désignées le
seront par le ministre des Finances, avec ses homologues provinciaux et
territoriaux. Je vous remercie de votre question.
Le sénateur Champagne : L'honorable sénateur devrait aussi savoir que, au Québec, on donne, par
exemple, un surplus important de salaire à de jeunes médecins qui acceptent
d'aller dans des régions éloignées. Je ne dis pas que ce que nous propose le
sénateur Rivest n'a aucun mérite, je dis qu'il faudra étudier cette mesure,
tout simplement. Sachez bien que, en cette fin de session, madame le sénateur,
je vous propose une heure et demie qui vous apportera un grand sourire, et nous
en avons tous besoin quand nous sortons d'ici.
Son Honneur le Président : Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer? Le
sénateur Rivest souhaite-t-il poser des questions complémentaires sur le
discours du sénateur Ringuette? Si le sénateur Rivest prend la parole,
cela aura pour effet de clore le débat.
Le sénateur Rivest : D'habitude, quand je parle, cela règle le débat.
Le sénateur Comeau : Honorables sénateurs, nous ne souhaitons pas la clôture du débat à ce
moment-ci. Je propose donc l'ajournement du débat.
(Sur la motion du sénateur Comeau, le débat est ajourné.)