Je vais poursuivre le débat sur le rapport du Comité des finances pour que mon collègue puisse revenir à la charge dans quelques minutes et poser ses questions. Je fais appel à l'indulgence des sénateurs. Vous m'entendez parler depuis quatre ans, à titre de membre du Comité sénatorial permanent des finances nationales, du fait que nous avons désespérément besoin d'une zone nationale de sélection dans le processus d'embauche de la fonction publique.
Honorables sénateurs, il ne faut pas oublier que la Commission de la fonction publique ne s'occupe que des postes qui ont été annoncés publiquement.
Les chiffres révèlent qu'il y eu 85 000 nouvelles embauches au cours des huit dernières années. Dans 75 p. 100 des cas, soit environ 70 000 fonctionnaires engagés pour occuper un nouveau poste à temps plein, le candidat avait occupé préalablement un poste d'occasionnel ou de durée déterminée dans la fonction publique pendant une période de trois à six mois. Cela leur donnait un avantage. Bien sûr, ces postes d'occasionnel dans la fonction publique — 99,9 p. 100 d'entre eux — ne sont pas annoncés publiquement. Les postes de durée déterminée non plus, ou alors très rarement. Il y a quelque chose d'incestueux dans la fonction publique.
Je ne veux pas de crédit d'impôt pour cela, sénateur Comeau.
Le Sénat doit savoir que, ces quatre dernières années, le Comité des finances nationales a consacré beaucoup d'efforts à cette question de l'embauche dans la fonction publique. Des pratiques injustes ont cours depuis des décennies : des gestionnaires engagent des membres de la famille d'autres gestionnaires et, au bout de six mois, ces personnes ont un prolongement de leur emploi pendant six autres mois si elles n'ont pas pu apprendre le travail et ont besoin de ce prolongement pour être en mesure d'occuper un emploi annoncé publiquement.
Dans ces conditions, quand les habitants du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de Vancouver ou de Regina ont-ils l'occasion de faire leurs preuves à titre de fonctionnaires au service de tous les Canadiens? Leurs chances sont presque nulles.
Pour qu'un jeune de Vancouver ou de Terre-Neuve, par exemple, ait la possibilité d'occuper un poste dans la fonction publique dans la région d'Ottawa, il doit avoir un contact qui est un membre de sa famille.
J'admire Mme Barrados, car elle est en poste depuis deux ans et il y a déjà eu des améliorations. Mais ce qui joue, c'est la volonté d'une personne qui occupe un poste clé. Il y a 90 personnes au Sénat qui devraient être animées de la même volonté pour que ceux qu'ils représentent, dans quelque région que ce soit, aient une chance convenable de faire valoir leurs compétences et d'offrir de bons services aux contribuables du Canada et à tout gouvernement, quelle qu'en soit l'allégeance.
À mon avis, il ne s'agit aucunement d'un enjeu politique. C'est une question d'équité, d'honnêteté et de respect de la Constitution du Canada, qui dit clairement que personne ne devrait empêcher un Canadien de passer d'une province à l'autre pour gagner convenablement sa vie. Il s'agit de la loi fondamentale du Canada. J'estime que nous avons pour mission de mettre un terme à l'injustice, à cette mise à l'écart de Canadiens honnêtes qui veulent offrir de bons services au Canada pour en assurer l'avenir. C'est notre responsabilité.
Je suis fière du travail que le Comité sénatorial permanent des finances nationales a accompli jusqu'à maintenant. Nous avons fait du bon travail, mais il reste encore beaucoup à faire pour rendre le système juste.